Quetzalcóatl, le serpent à plumes, occupe une place privilégiée dans le panthéon des civilisations du Mexique ancien. La croyance des Indiens en ce personnage légendaire était si forte qu'en voyant arriver les conquérants espagnols ils crurent que s'accomplissaient la prophétie de Quetzalcóatl. N'avait-il pas prédit, avant de disparaître, que les hommes blancs et barbus viendraient d'Orient, porteurs de son message?
Mystérieusement surgi des flots, Quetzalcóatl lui-même serait, selon la tradition, venu d'un lointain pays du Levant. Dieu blanc, homme, oiseau et serpent à la fois, il était symbole de vie et de civilisation. C'est à lui qu'on attribue l'invention du calendrier, de l'écriture, des livres. C'est lui qui aurait enseigné le savoir et les techniques en matière d'agriculture, d'artisanat, d'instruments musicaux et d'architecture. Être de droiture et de bonté – malgré quelques défaillances par trop humaines –, Quetzalcóatl est aux prises avec les déités des ténèbres, assoiffées de sang, et les instincts frivoles ou féroces des hommes.
José López-Portillo, président du Mexique, reprend et remodèle dans une langue poétique les vieux textes aztèques. Soucieux de «traiter l'aspect humain de ce personnage mystérieux» sans pour autant laisser de côté le «principe philosophique avec lequel Quetzalcóatl s'identifie dans la théologie indienne», l'écrivain et l'homme d'État nous invite à une réflexion sur les problèmes du bien et du mal dans l'État, sur les tentations qu'hommes et peuples connaissent, à pratiquer le pouvoir.