Dans un monologue tendre et cocasse, une jeune femme retrace pour un thérapeute imaginaire les faits marquants de son existence. L’élément fondateur de sa singularité : le cache qui recouvrait un de ses yeux quand elle était enfant, la livrant à la curiosité d’autrui.Ce roman, qui emprunte son titre à Allen Ginsberg, exhale les acides de la Beat Generation.
Communautés hippies, engagement politique, liberté des moeurs : la famille de la narratrice a embrassé les idéaux de l’époque. La fillette fréquente une école Montessori, joue avec “Krouchevna” ou “Lenin”, connaît tout, en théorie, de la sexualité. Le “couple ouvert” conduit ses parents au divorce, et le cocon familial se désintègre. La mère gagne la banlieue d’Aix-en-Provence et l’enfant se voit confiée à une grand-mère revêche, en total désaccord avec une éducation permissive. La synthèse ne se fera pas sans mal, à l’heure du regroupement familial.
Du Mexico de l’enfance, avec ses exilés latino-américains fuyant les dictatures, à la Ville aux mille fontaines des années 1980, qui abrite derrière la splendeur des vestiges romains une foule bigarrée de Roms et de Maghrébins, la marginalité originelle est devenue un territoire physique et mental dans lequel on peut construire une vie, enfin réconciliée avec ce corps qui reste à jamais le plus étrange et le plus obsédant des mystères.