En 1967, une phénoménale chute de neige sur Mexico annonça la venue d’un être «au-dessous de toute beauté». Ainsi naquit Pablo Urbina, d’une mère déçue et d’un père démarcheur pour des inventeurs de lunettes qui guérissent la myopie, de patchs anticancéreux, d’automobiles fonctionnant à l’urine. Plus tard, imprégné de sa philosophie personnelle — «L’excès d’à peu près n’importe quel travail provoque le cancer, et on peut en dire autant de l’oisiveté» —, Urbina promène à travers Mexico son humour ravageur ou vivote dans un logis coincé entre un dépotoir, un poste à essence, un magasin de solvants et un boui-boui où des Noirs pratiquent le sexe en public. Seul, sans projet de vie, «expression formée de deux concepts qui ne se rencontrent jamais», l’homme au blouson crasseux ne connaît de l’avenir que la date de péremption du lait. Son existence est un tout-à-l’égout, mais c’est avec le tabac qu’il a eu sa relation la plus durable et la moins nocive. Il y a bien Paula et David, des amis de l’université, et son ex-femme, Luisa, mais ces rapports loufoques, fondés sur la rancoeur, ne débouchent que sur des catastrophes.