«Aux côtés du Labyrinthe de la solitude, de L'arc et la lyre, ce dernier essai de Paz se propose comme le troisième volet d'une réflexion qui, depuis plus d'un demi-siècle, ne cesse de s'interroger sur l'enracinement de l'homme dans son lieu, dans son temps, dans son acte de parole. L'amour y tient assurément la place majeure. Encore faut-il qu'on sache le reconnaître sous ses multiples visages, en dépit de ses travestissements et de ses trahisons. La flamme double est tout d'abord l'histoire de cette étrange attirance d'un être vers un autre, qui débute sans doute dans l'aventure culturelle de l'Occident aux confins de la Grèce et de Rome. [...]
Mais ce livre est, tout autant, la confidence d'une inquiétude. L'Occident n'était pas seul à écrire l'amour ; l'Islam, l'Inde, l'Extrême-Orient ont concouru jadis à cette exaltation des sens et de l'esprit. Aujourd'hui maître des conduites du monde, l'Occident ne serait-il plus désormais qu'une machine mentale qui désacralise l'amour, qui corrompt les consciences avec le commerce des corps, collaborant ainsi à l'universelle "éclipse de l'âme" ? Octavio Paz questionne les hommes de science, des neurobiologistes aux zélateurs de l'intelligence artificielle. Mais c'est, en vérité, à son lecteur qu'il s'adresse, c'est à lui qu'il pose l'impérieuse question : "Sans liberté, ce que nous nommons la personne n'existe pas. Existe-t-elle sans âme ?"»