Avec La campagne d'Amérique, Carlos Fuentes revient à un récit linéaire, dans la tradition du roman historique ou d'aventures à la Walter Scott, retour assorti d'un clin d'oeil en direction de l'ombre tutélaire qui plane sur l'oeuvre de l'écrivain mexican: Cervantes. Il y a en effet du don Quichotte chez ces trois jeunes Argentins qui, en mai 1810, s'associent à la lutte de leur pays pour la conquête de l'indépendance. Pour l'un d'entre eux, ce combat coïncide avec la fascination qu'exerce sur lui la jeune épouse d'un barbon espagnol suffisant et cynique. Pendant des années, tout en luttant contre les Espagnols, il suivra sa trace, du Pérou au Chili, du Venezuela au Mexique, avant de revenir à Buenos Aires y retrouver l'amour... d'une autre. Cette quête amoureuse et ce cheminement guerrier - la «campagne d'Amérique» -, qui le conduiront des champs de batailles aux cités utopiques des mythes continentaux, feront également de lui le héros involontaire des chansons populaires, d'un pays à l'autre. Il devient un être de «fiction».
Mais La campagne d'Amérique, habité par un véritable plaisir de «raconter des histoires», est plus qu'un plaidoyer en faveur de la prééminence de l'écriture sur l'action, du texte sur l'événement, de la littérature sur l'histoire. C'est, une fois encore, la défense et illustration des thèses de Carlos Fuentes sur l'inventivité, la vitalité et la diversité de la culture latino-américaine.
Carlos Fuentes est né à Mexico en 1928. Il a poursuivi ses études au Chili, en Argentine et aux États-Unis. De 1975 à 1977, il est ambassadeur à Paris, où il avait longuement vécu auparavant. Tout en explorant le champ du roman, de la nouvelle, du théâtre et de l'essai littéraire, il a mené un nombre considérable d'activités culturelles dans les deux Amériques et écrit dans la presse européenne. Son roman