Le Miroir enterré brosse l'histoire de l'Espagne et de l'Amérique hispanique des origines à nos jours. Le titre manifeste d'emblée l'orientation (le sens) de cette vaste fresque : la quête, l'exploration, l'archéologie de l'identité. Une succession vertigineuse de strates : d'un côté, l'Espagne et ses passés multiples, ses racines ibères, carthaginoises, romaines, wisigothes, arabes et juives ; de l'autre, l'Amérique précolombienne, une constellation de civilisations qui se résument d'un mot : l'altérité. L'Espagne avait d'abord appris à vivre avec l'Autre sur son sol ; les découvertes de la Renaissance allaient lui lancer un nouveau défi, plus radical encore. C'est aussi le défi relevé par Fuentes : dénouer l'écheveau, rendre à César - et à Brutus - ce qui leur revient. À la lumière de cette longue et fabuleuse expédition, l'histoire tourmentée, douloureuse, de l'Espagne et de l'Amérique latine au XXe siècle n'apparaît plus comme une malédiction : elle devient plus lisible, comme un palimpseste sous le grimoire.