La frontière de verre, c'est la frontière qui sépare le Mexique des Etats-Unis. Au long du fleuve appelé Río Grande d'un côté, Río Bravo de l'autre. Les neuf récits s'articulent autour de quelques personnages clés dont les hasards de la vie ou de la parenté organisent la rencontre sur cette frontière mythique. De l'homme d'affaires mexicain, dont les intérêts rejoignent si bien ceux de ses associés américains, aux «dos mouillés» (ces wetbacks, comme les Américains appellent les clandestins qui viennent chercher du travail aux États-Unis), en passant par les ouvrières des usines de sous-traitance et les militants syndicalistes, Carlos Fuentes fait vivre toute une population frontalière, souvent venue des zones les plus pauvres du Mexique. Sur fond de nostalgie territoriale, rappel constant, lancinant, que ce sud des Etats-Unis fut autrefois conquis sur le Mexique au moyen des armes, que les Mexicains y auraient, en quelque sorte, un «droit d'entrée» naturel. Surtout, déclarent les personnages, qu'on a besoin d'eux, que les États-Unis ne peuvent se passer de leurs bras. Les multiples facettes de ce «roman» permettent à Carlos Fuentes de déployer toute une gamme de registres d'écriture. Du style le plus poétique au langage parlé quotidien : adepte du métissage des cultures et des langues, il en joue en instrumentiste accompli.