Une gare routière plantée sur un terrain vague aux abords d’Acapulco. Des cars déglingués y déversent les loqueteux fuyant les bidonvilles de Mexico. Lumière ocre sur les collines, soleil au zénith, grondement des vagues : paradis et enfer. Un garçon de quinze ans orgueilleux et frondeur y lie son destin à celui d’un étrange binôme formé par un architecte et un promoteur alcoolique et visionnaire. Les hommes brûlent de la même fièvre : transformer ce no man’s land en un nouvel Eden. Et l’adolescent de lever une armée pour défendre les laissés-pourcompte du vieux port d’Acapulco apprêté, pour la jet-set, en arrogante putain. Mais la misère gâte le paysage, et le héraut des opprimés devient l’homme à abattre. A qui profite le crime ? Un jésuite d’un orgueil luciférien, une ex-reine de beauté convertie dans les affaires, de riches communistes rêveurs de l’autre rive du río Bravo ? La liste est longue de ceux qui veulent à toute force construire leur paradis. Ce sont pourtant ses pistoleros qui appuient sur la détente, eux qui lui doivent la vie et ne peuvent s’acquitter qu’ainsi d’une si lourde dette.
Chronique de la fondation d’un empire touristique et critique d’une société inégalitaire jusqu’au délire, ce roman violent et poétique porte une brillante réflexion philosophique sur le pouvoir et la peur.
Vilma Fuentes, née à Mexico en 1948, est écrivain et journaliste et vit à Paris depuis 1975. Elle est l’auteur de quatre romans, dont L’Autobus de Mexico (Actes Sud, 1995 ; Babel n° 890).