Il était une fois un petit garçon très intelligent passionné par les chapeaux, les dictionnaires, les samouraïs et la délicatesse infinie des sansculottes. Un jour, il se pique de doter son zoo privé d’hippopotames nains du Liberia, et qu’importe que l’espèce soit en voie d’extinction ! Il les aura car papa peut tout. Papa est riche et puissant : il travaille dans la cocaïne. Depuis la forteresse où il vit reclus avec son narcotrafiquant de père et sa cour, le “Candide” observe un monde fantasmagorique et pourtant réel qui répond au moindre de ses désirs. S’il paraît extravagant, il est plein, en vérité, d’une cohérence implacable : le caprice puéril n’est qu’une réplique en miniature de la démence adulte.
Puisant avec brio à la source de l’ironie pour bâtir ce court roman philosophique, l’auteur brandit le pouvoir subversif de la dérision pour pointer une violence mexicaine prégnante et l’affilier, surtout, à une longue tradition humaine. Il semblerait, en effet, que toutes les civilisations comptent leurs coupeurs de têtes et qu’il ne soit pas si rare que les petits lapins blancs se transforment en serpents à sonnette.