Ce poème offre la vision d'un monde fragmenté de perceptions et d'émotions dont le poète et nous-mêmes sommes les fragments, monde élevé à une unité primordiale qui est celle de la poésie. Où, dans les confluences du langage, sans cesse prend corps et s'évanouit aussitôt le simulacre fugace du véritable nom des choses, et où surgit peu à peu le pressentiment de la présence : la promesse du réel enfin saisi, de l'être ici et maintenant, le temps du poème. Car les «essaims de signes», les «républiques errantes de sons et de sens» se dispersent sur la page, renvoyant le poète à sa condition d'ombre. L'ombre que projettent ses propres mots.