Un auteur mexicain d'ouvrages de développement personnel, parti enseigner aux États-Unis pour y écrire ce grand roman dont il rêve, est en butte à l'hostilité du climat et à l'usure de la vie familiale ; un cadre expatrié de la Banque mondiale couche avec la femme de son chef, se conduit en bon père de famille et s'interroge sur la psychologie de ses nouveaux concitoyens américains ; l'équipage d'un camion-poubelle se mutine, transformant celui-ci en un vaisseau pirate ; un ex-historien tourmenté, devenu cuisinier à la suite d'une dévastatrice histoire d'amour, participe à un concours gastronomique à Lima auquel il échoue lamentablement et il se reprend en s'abandonnant à des aventures érotiques extrêmes...
À première vue, Hypothermie semble être un recueil de nouvelles, écrites entre 1996 et 2004, entre le Mexique et les États-Unis. Le ton (qui joue toujours sur l'ironie, mais avec d'infinies variations), la construction et la technique des différents textes changent constamment, et pourtant il y a une sorte de trame souterraine qui traverse le livre et dessine une histoire personnelle, qu'on imagine être plus ou moins celle d'Álvaro Enrigue. Car presque tous les protagonistes sont des intellectuels déchus ou frustrés, appartenant à la classe moyenne et en partageant les codes et les valeurs, mais qui, après avoir émigré volontairement aux États-Unis, y découvrent qu'ils ne seront jamais de vrais Blancs aux yeux des gringos.
Hypothermie peut être considéré comme l'une des œuvres les plus intéressantes de la dernière vague latino-américaine et Álvaro Enrigue comme l'un de ses représentants les plus originaux et talentueux. Maniant un humour insolent et sarcastique, n'hésitant pas à être politiquement incorrect, il offre, avec ce recueil, un ensemble de textes qui comportent divers niveaux de lecture et soulèvent des questions amusantes et variées sur nos vies et sur nos mœurs au temps de la mondialisation.